Il y a longtemps on l’avait vu sous ses allures, barbe coupée et tête rasée, Joseph Kabila Kabange a attendu le lendemain du vote de la levée de ses immunités parlementaires, en violation de la loi portant statut d’ancien Chef de l’Etat pour s’adresser officiellement à la nation congolaise.
L’ancien président congolais a commencé par peindre les circonstances d’il y a six (10) ans qui lui avaient permis de remettre le pouvoir à un président élu à l’issue d’un cycle électoral pourtant controversé. Il a rappelé que depuis ce moment là il a fait preuve d’un devoir de réserve même quand il faisait objet d’imputation dommageable. Le temps étant le meilleur allié de la vérité selon lui, vu l’enjeux de taille et existentiel, il a décidé de briser le silence pour l’avenir de la RDC (République Démocratique du Congo), continuer à se taire l’aurait rendu coupable devant le tribunal de l’histoire a-t-il indiqué.
Il estime que la RDC est gravement malade avec un pronostic vital engagé. Revenant sur l’accord resté jusqu’aujourd’hui secret entre lui et son successeur après les élections de 2018, Joseph Kabila a fait savoir que beaucoup des contre-vérités avaient été dites à ce sujet, il précise que cet accord dit de mutualisation des forces avait été mis en place dans le but de vouloir faciliter le fonctionnement harmonieux des institutions.
Joseph Kabila a rappelé qu’au 24 janvier 2019, il avait légué à son successeur en héritage un pays uni dans ses frontières du 30 juin 1960, une nation reconstituée et réconciliée fière de sa diversité, un État doté des institutions avec une économie débarrassée du fardeau de la dette, une armée nationale et républicaine, une démocratie en constante consolidation.
Le cœur serré, il dit constater que six (6) ans après cet héritage a été complètement dilapidé par celui à qui la garde était confiée.
Il a listé par la suite les prétendues violations de la constitution par son successeur et son régime, pour lui le Congo est devenu un espace de non droit et la république a cessé d’être démocratique. Pour lui le parlement a cessé d’être le temple de la démocratie et est devenu la chambre d’enregistrement de la volonté d’une personne, Félix Tshisekedi sans le citer. Il a peint un tableau chaotique de la justice, la sécurité, les services de renseignement, la police,…
Il a rappelé que l’endettement public maîtrisé en 2010 a dépassé en six (6) ans la barre de 10 milliards de dollars.
Pour Joseph Kabila, le sang des compatriotes congolais a abondamment coulé du fait d’un terrorisme d’Etat pour l’abus du pouvoir par le pouvoir, il a fustigé une formation de l’armée bâclée, un recrutement et des mis en places ethniquement motivées.
Pour avoir été pendant 18 ans commandant suprême de l’armée et de la police, Joseph Kabila dit connaître les soldats congolais qui ne sont pas moins bons, moins nationalistes et moins légaux, pour lui ce qui a changé c’est la qualité du commandement.
A lui de poursuivre que, le gouvernement actuel a ouvert la voix à la régionalisation du conflit, le Congo est intemporel et n’appartient pas à un régime politique, il appartient au peuple dans sa grande diversité, pour sortir le Congo de la crise, le Raïs a rappelé qu’il ne peut y avoir des solutions sécuritaires sans avoir des solutions politiques consolidées, il est donc vital pour lui que les multiples initiatives de recherche de la paix soient conscientes de cette exigence.
Saluant l’initiative de l’église catholique et des églises du christ au Congo, Joseph Kabila a dénoncé les agissements de Kinshasa sur des rumeurs de la rue sur sa prétendue présence à Goma il y a un mois et qui a conduit à des décisions contre sa personne, ses biens, sa famille politique et ses proches. Il a par ailleurs laissé savoir qu’il se rendra prochainement dans les jours qui viennent à « GOMA » pour la recherche de la paix et l’expression de sa sympathie aux victimes de la guerre et marquer sa solidarité avec l’Est du pays.
Dans un sursaut patriotique pour un pacte citoyen, Kabila propose 12 points pour sauver le Congo à savoir:
- Mettre Fin à la dictature
- Arrêter la guerre
- Rétablir l’autorité de l’Etat
- Restaurer la démocratie
- Rétablir les libertés fondamentales
- Réconcilier les congolais
- Relancer le développement du pays
- Relancer le dialogue avec les voisins
- Rétablir la crédibilité de la RDC
- Neutraliser les groupes armées locaux et étrangers
- Mettre définitivement fin au recours des mercenaires
- Ordonner le retrait sur le territoire congolais de toutes les forces étrangères.
Il a lancé un appel solennel aux Congolais de s’unir autours de ses objectifs pour la reconstruction de l’Etat. Joseph Kabila a fini son discours en demandant à Dieu de bénir le Congo et chaque congolais.
Article de Augustin Mosange sur la plumeducongo.net