D’entrée de jeu, le député national Jean-Baptiste Kasekwa, élu de Goma a déploré ce qu’il qualifie de dérapages observés dans plusieurs centres d’enrôlement dans la province du Nord-Kivu. C’est notamment le retard avec lequel les agents de la commission électorale nationale indépendante s’illustrent ; le favoritisme et le monnayage non seulement de jetons, mais aussi de carte d’électeur.
Défis axés à la carte d’électeur en Province du Nord-Kivu, les engins, les conséquences et les pistes des solutions », c’est sous ce thème que l’honorable Muhindo Kasekwa Jean-Baptiste, député national, élu de la ville de Goma pour le compte du parti politique ECIDÉ, a échangé avec la population de Goma lors d’une conférence ténue ce vendredi 24 mars 2023 à Goma.
Selon Jean-Baptiste Kasekwa, trois ennemis empêchent actuellement la population du Nord-Kivu d’avoir les cartes d’enrôlement. Il s’agit de la rébellion du M23 en territoire de Rutshuru et Masisi, les ADF en territoire de Beni et la CENI en ville de Goma et en territoire de Nyiragongo.
Pour l’élu de Goma, la commission électorale nationale indépendante CENI, devrait prolonger le délai d’enrôlement afin de permettre à toute la population de cette partie du pays qui fait face à une insécurité sans précédent ; d’avoirs sa carte d’électeur.
Il craint par ailleurs, à la baisse de nombre des sièges des territoires du Nord-Kivu suite à ce processus qui devient un casse-tête pour la population et dans un contexte d’insécurité grandissante. Il en a énuméré plusieurs conséquences que découleraient du déroulement « épineux » des opérations d’identification et d’enrôlement des électeurs dans la région.
« À ce jour pour le territoire de Masisi 2 % seulement de la population s’est déjà enrôlée depuis le lancement des opérations d’identification et enrôlement des électeurs. Pour le territoire de Rutshuru 4 % seulement des électeurs ont déjà eu leurs cartes. Avec ce taux ces deux territoires, si rien ne fait; à la date du 11 avril 2023, date prévue pour la clôture de l’enrôlement, selon la prolongation de 10 jours, lancée par la CENI, Rutshuru risquera de perdre 7 sièges d’enrôlement et Masisi à son côté 7 sièges d’enrôlement » s’inquiéte-t-il.
Pour le territoire de Beni, renchérit l’honorable Kasekwa, depuis le lancement de l’enrôlement, la chefferie la plus peuplée de ce territoire, qui est la chefferie de Bashu; fait l’objet de beaucoup d’attaques terroristes.
« Le 09 mars 46 personnes ont été massacrées dans cette partie. Par peur les habitants ont pris fuite, et ainsi les kits électoraux qui y étaient déployés pour l’enrôlement ont été amenés en ville de Beni car les centres étaient tous fermés.
Plusieurs villages de ce territoire font l’objet d’attaques et c’est pourquoi à ces jours le taux d’enrôlement en Territoire de Beni s’élève à 32% et si rien n’est fait ce territoire risque de perdre au-moins 3 sièges alors qu’il avait déjà perdu 2 sièges en 2011 donc Beni risquera de perdre 5 sièges maintenant. » fait-il savoir
Parlant de la situation de la ville de Goma et le territoire de Nyiragongo où les opérations semblent avancer par rapport aux autres parties de la province ; l’honorable Muhindo Kasekwa accuse la CENI d’être à la base du désordre dénoncé à ces jours dans plusieurs Centres d’enrôlement.
« La CENI empêche les habitants de la ville de Goma et du territoire de Nyiragongo de se faire enrôler. C’est pourquoi, elle devient considérée comme ennemie au même titre que les terroristes car elle refuse de payer ses agents et les policiers depuis le 16 février jusqu’à ces jours » a-t-il affirmé.
La même CENI, poursuit Kasekwa, a également frappé le peuple congolais dans la passation de marchés et kits électoraux.
« Alors qu’en 2018 la RDC possédait des kits électoraux qui produisaient des cartes méritantes qui sont en bon état jusqu’à ces jours, des cartes en photo de couleur et ne s’effaçaient pas, des machines capables d’enrôler au-moins 200 personnes par jour; Aujourd’hui la CENI nous amène des cartes de mauvaise état, les cartes où l’image s’efface trop vite de sorte que peut-être le 20 décembre 2023 arrivera lorsque personne ne possède une carte d’électeur en bon état. A côté de cela les machines actuelles ont du mal à atteindre 100 personnes enrôlées par jour, avec des pannes à tout moment… Tout ceci démontre qu’il s’agit d’une frappe de la CENI de Kadima vis-à-vis du peuple congolais. »
Il ne manque pas non plus d’évoquer la question de la distribution des kits électoraux et la répartition du nombre des centres d’enrôlement, dénonçant la discrimination des centaines provinces par rapport aux autres.
Face à tout cela, l’élu de Goma propose la prolongation de l’enrôlement jusqu’au 16 juin prochain et qu’au même moment le président de la CENI adresse une lettre au président du sénat et au bureau de l’Assemblée Nationale pour demander l’examen de la loi portant sur la répartition des sièges. Il recommande par ailleurs de ramener les kits qui ont terminé la même opération dans d’autres aires opérationnelles vers l’aire 3 pour accélérer le processus. Au sujet des cartes où les écrits et images disparaissent, Muhindo Kasekwa réclame l’octroi, sans condition, des duplicatas aux concernés.
C’est depuis le 16 février dernier que la Commission Électorale Nationale Indépendant, avait en dépit de la situation sécuritaire, lancé les opérations d’identification et d’enrôlement des électeurs dans la troisième aire opérationnelle dont fait partie la province du Nord-Kivu. Deux jours avant l’expiration du mois accordée à ce processus, la CENI a prolongé pour 15 jours, l’enrôlement des électeurs dans la région. Cependant, plusieurs couches politiques que sociales jugent ce délai d’insuffisant vu les défis auxquels font face les populations de la partie Orientale de la République démocratique du Congo.
Josué Mutanava à Goma