Le gouverneur du Nord-Kivu suspend la mesure de reprise des trafics et de la circulation des personnes et des marchandises sur les différents axes routiers qui relient Goma à Rutshuru, Masisi et Walikale, « à la suite du comportement barbare, assassin et terroriste du M23/RDF manifesté dès le premier jour de la reprise de la circulation des marchandises et des biens ».
La décision est consécutive à l’assassinat, ce jeudi 2 mars, d’un chauffeur sur la route Rutshuru-Goma par les rebelles du M23 qui contrôlent cette zone.
« Le matin de ce jeudi 2 mars, les M23 auraient tué un chauffeur dans la localité de Katale et pillé toute la marchandise que transportait ce dernier. Suite au comportement barbare, assassin et terroriste du M23/RDF manifesté dès le premier jour de la mise en application de la mesure portant reprise de la circulation des marchandises et des biens, le gouverneur suspend ladite mesure », lit-on dans le communiqué officiel.
Entre-temps, aucune source sur place à Rutshuru ne confirme cette information sur l’assassinat d’un chauffeur à Katale encore moins du pillage de son véhicule. Le chauffeur dont l’autorité provinciale fait allusion serait bel et bien vivant, son véhicule était plutôt tombé en panne, il s’est rendu à Goma pour se procurer une autre pièce de rechange de son véhicule, renseigne ses pairs chauffeurs qui dément cette information.
À noter que la mesure du gouvernement provincial du mercredi 1 mars dernier est intervenue alors que les axes susmentionnés étaient toujours sous occupation de la rébellion.
Toutefois, c’est à la suite de plusieurs sollicitations des opérateurs économiques et pour l’intérêt ultime de la population meurtrie par les effets de la guerre que le gouvernement voulait lever l’option de permettre le trafic, précisait le communiqué.
Pour rappel, c’est depuis juin 2022 que le M23 a débuté sa conquête des vastes pans de territoire dans le Rutshuru et Nyirangongo, puis dans le Masisi depuis quelques mois. Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir le M23, une accusation corroborée par les Nations-Unies, Washington et plusieurs pays européens, même si Kigali continue de nier.
Suite à ce rétropédalage, plusieurs personnes parlent du tâtonnements à la tête de la province pendant cette période de l’état de siège, car « le Gouverneur militaire se rétracte le plus souvent dans ses décisions », souligne un habitat de Goma, qui parle d’un cas similaire dans la permutation des agents de l’administration financière à Beni et Butembo. » Le pouvoir est dans la rue » a-t-il conclu.
Josué Mutanava à Goma